Douance et TDA/H : Intégrer les personnes neurodivergentes au travail
Article co-rédigé par Jessy Riel, en collaboration avec Catherine Giroux-Trudeau, M.Sc., pour le bec, dans le cadre de la chronique Bien-être en comm, publié sur Grenier aux nouvelles le 25 avril 2023.
La douance, parfois appelée haut potentiel (HP) ou haut potentiel intellectuel (HPI), comprend de multiples définitions, mais représente de façon générale un fonctionnement cognitif différent marqué par des aptitudes supérieures à la norme dans certains domaines. Sans être un trouble, une maladie ou un symptôme, la douance est fréquemment évoquée aux côtés des troubles neurodéveloppementaux tels que le TDA/H. D’ailleurs, on parle d’un profil doublement exceptionnel dans le cas où la douance cohabite avec le TDA/H. Ces personnalités neurodivergentes sont de plus en plus remarquées en milieu de travail. Même le HP et le TDA/H diffèrent l’un de l’autre, ils présentent de grandes similitudes en contexte professionnel.
Comprendre la douance et le TDA/H au travail
Les personnes surdouées et les individus ayant un TDA/H perçoivent leur environnement autrement que les profils neurologiques typiques. Non seulement les informations sont réfléchies différemment, leurs interactions et leurs façons de communiquer se distinguent également. C’est la définition même de la neurodiversité.
Malgré certaines caractéristiques distinctes à chacune des conditions, la douance et le TDA/H peuvent se manifester sous des comportements très similaires, ce qui en complique l’évaluation par un·e professionnel·le. La difficulté dans la différenciation réside dans ce chevauchement des symptômes. Les personnes surdouées (sans TDA/H) qui manquent de stimulation peuvent devenir inattentives, agitées et impulsives laissant croire à un TDA/H de même qu’une personne ayant un TDA/H et présentant une faible performance en raison d’une mauvaise régulation de son attention et de son énergie masquant ainsi sa douance. Très complexe tout cela, n’est-ce pas? C’est pourquoi il est préférable de s’attarder aux solutions plutôt qu’aux causes.
Comment mieux accueillir les personnes neurodivergentes en milieu de travail?
L’entreprise qui vise à intégrer une approche inclusive a la responsabilité d’intervenir pour réduire les obstacles rencontrés par ses travailleurs·euses neuroatypiques. Pour ce faire, les gestionnaires doivent être vigilant·es et détecter les premiers signes de difficultés vécues par leurs employé·es. Ensuite, l’organisation peut mettre en place des solutions adaptées selon chaque situation.
À titre d’exemple, lors de nos séances de coaching individuel, nous entendons fréquemment des employé·es nous mentionner qu’ils·elles sont moins motivé·es qu’auparavant dans leur poste. Ils·elles partagent un profond ennui dans leurs tâches quotidiennes qui se manifeste entre autres par une démotivation et un désengagement dans leur travail, ainsi qu’un sentiment d’inutilité. Certain·es présentent également des signes d’épuisement professionnel (fatigue, stress, manque de concentration, grande culpabilité, tristesse…) montrant que la situation perdure depuis déjà un bon moment.
Dans cet exemple précis, le gestionnaire peut s’apercevoir de la présence d’une problématique, d’une part, en observant l’attitude de l’employé·e qui a changé (morosité, négativité, irritabilité…) et d’une autre part, par des indications tangibles telles qu’une diminution de la productivité, une augmentation du nombre d’erreurs… Ainsi, un esprit alerte peut aisément repérer ces signaux annonciateurs d’une problématique. Le gestionnaire peut, par la suite, rencontrer l’employé·e pour entamer un échange dans le but de comprendre les difficultés et d’y trouver des solutions de manière collaborative.
Le point essentiel à aborder lors de cette discussion, qui se veut bienveillante et constructive, est de déterminer le BESOIN qui se cache derrière ces comportements. Notre expérience avec les individus doués et diagnostiqués du TDA/H nous a montré que l’ennui au travail était particulièrement présent lorsque la personne manque de stimulation dans son emploi. Ainsi, l’une des solutions peut être d’impliquer le·la salarié·e dans un nouveau projet. Tant que ces projets sont cohérents avec leurs valeurs et leurs champs d’intérêt, ils·elles conserveront un très fort engagement au travail.
Outre un grand besoin de stimulation, ce type d’individus nécessite essentiellement de se sentir soutenu et accepté ; de là l’importance de l’accompagnement. Un bon encadrement et des suivis réguliers peuvent être bénéfiques pour maintenir un niveau de productivité et de motivation stable. Ce sont des êtres qui ont des atouts indéniables, du moment qu’un bon soutien est présent.
Forces à faire valoir selon le type de projet :
Créativité débordante qui peut mener à des projets novateurs
Dynamisme contagieux créant une ambiance positive au sein de l’équipe
Sens de la justice aiguisé qui en font de bonnes défenses
Ouverture d’esprit face à la diversité et à la nouveauté
Hypersensibilité qui les amène à ressentir et voir le monde autrement
Capacités d’apprentissage très rapide amenant à un large éventail de connaissances et de compétences
Motivation et engagement dans les projets dans leurs champs d’intérêt
Capacité à prendre des risques
En conclusion, les gens doués et ayant un trouble déficitaire de l’attention ont parfois des besoins différents des autres employé·es, ce qui nécessite une certaine ouverture ainsi qu’une vigilance des signaux d’alerte de la part de l’employeur. En revanche, ce sont précisément ces différences qui font de ces personnes des employé·es de choix. Ce sont des visionnaires dans leurs idées et leurs super pouvoirs les amènent sur des chemins inexplorés où l’entreprise gagne à mettre de l’avant leur talent.
Références :
Autism Awareness Australia, « In Conversation With Judy Singer »
https://ciddt.ca/mieux-comprendre-la-double-exceptionnalite-le-profil-unique-des-individus-doues-intellectuellement-haut-potentiel-et-tda-h/
https://www.merckmanuals.com/fr-ca/professional/pédiatrie/troubles-du-développement-et-des-apprentissages/trouble-hyperactivité-déficit-attentionnel